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ACCES AUX SOINS DANS L’EURE-ET-LOIR : une situation qui s’aggrave

Après trois premières alertes (2012, 2016 et 2022) sur l’accès aux soins dans notre département, l’UFC–Que Choisir 28 a réalisé une nouvelle cartographie de la situation dans notre département. Une dégradation dans l’accés aux soins est à nouveau constatée en Eure-et-Loir depuis 2021. L’association favorise l’accés des euréliens aux informations concernant l’offre de soins, commune par commune, et propose diverses actions.

Une actualisation de l’état des lieux de l’accès aux soins en Eure-et-Loir
A nouveau, notre approche sur la fracture sanitaire combine l’accès géographique et l’accès financier en intégrant la pratique ou non de dépassements d’honoraires par les médecins, puisque les dépassements d’honoraires sont de nature à entraîner un renoncement aux soins.

En prenant en compte ces deux dimensions de l’accès aux soins, l’UFC–Que Choisir a étudié la localisation et les prix pratiqués par les médecins de 4 spécialités en accès direct :
Généralistes     Ophtalmologues      Pédiatres     Gynécologues

Pour ces 4 spécialités, et pour toutes les communes du département, nous avons calculé l’offre de soins disponible, en retenant un temps de trajet maximal entre le domicile et le cabinet du médecin de 30 minutes pour les généralistes, et de 45 minutes pour les spécialistes

Nous croisons pour chaque commune la demande potentielle en soins des personnes y résidant (établie en fonction de besoins, que soit en fonction de l’âge ou du sexe) et l’offre de médecine de ville, pour établir un indicateur permettant de mesurer l’accessibilité potentielle localisée (APL).

Nous avons relevé sur une base de données provenant de l’Assurance Maladie les tarifs pratiqués par les médecins de juillet 2022 à juin 2023.

Trois situations tarifaires sont étudiées

  • l’aspect uniquement géographique, en prenant en compte tous les médecins, quels que soient leurs tarifs.
  • l’aspect géographique et financier, en étudiant dans un premier temps l’offre disponible avec au maximum 50 % de dépassements d’honoraires (qui correspond au niveau médian de prise en charge des dépassements par les complémentaires santé).
  • l’aspect géographique et financier, en étudiant dans un second temps la seule offre disponible de médecins ne pratiquant aucun dépassement d’honoraires.

Généralistes : un accès parfois difficile à ce pilier du parcours de soins
En ne prenant en compte que le critère géographique, 7,6% des habitants du département d’Eure-et-Loir vivent dans un désert médical.
Mais 53,7% des habitants éprouvent toutefois de réelles difficultés (désert médical + accès difficile) pour accéder à un généraliste.

La situation est relativement semblable lorsque l’on veut se soigner à tarif opposable, 63,7% de la population rencontrent alors des difficultés d’accès à un généraliste.

3 départements de la région Centre Val de Loire très en difficulté pour accéder à un généraliste au « tarif sécu »
L’Eure et Loir , le Cher et l’Indre figurent dans le haut du tableau pour d’importantes difficultés d’accés à un généraliste au « tarif sécu ».

Part des habitants qui rencontrent des difficultés importantes pour l’accés à un généraliste et rang national:
Cher : 65,5%                      6e rang national
Eure-et-Loir : 63,7%      7e rang national
Indre : 60,6%                    8e rang national

Pour le Loiret : 48,8%           24e rang national
Et le Loir-et-Cher : 44,7%     25e rang national
Seule l’Indre-et-Loire présente un résultat moindre quant à ces importantes difficultés d’accés avec un taux de 9,8% d’habitants, soit le 85e rang national.

Les départements figurant aux rangs de 1 à 5 pour cet accés aux soins particulièrement difficile sont tous situés en Ile-de-France: Val d’Oise (73%) , Seine-Saint-Denis (71,7), Hauts-de-Seine (70,5%) , Seine-et-Marne (66,9%) , Yvelines (65,9%).

Ophtalmologues : des dépassements d’honoraires en masse
Alors que 46,5% de la population du département vivent dans un désert ophtalmologique, la fracture s’aggrave très largement lorsqu’on tient compte des dépassements d’honoraires.

73,1% des habitants de l’Eure-et-Loir résident dans un désert médical lorsqu’on ne prend en compte que les médecins respectant le tarif de base de la sécurité sociale.

Cet accroissement des déserts médicaux lorsque l’on prend en compte le critère financier s’explique par la large part des ophtalmologues qui pratiquent des dépassements d’honoraires.

Beaucoup trop d’enfants vivent dans un désert médical pédiatrique
Si l’on considère tous les pédiatres accessibles à moins de 45 minutes, 51% des enfants ayant entre 0 et 10 ans vivent dans un désert médical. Ces spécialistes ne sont que rarement présents en dehors des villes principales.

L’accès aux soins se détériore si on intègre le critère financier : 92,9% de nos enfants résident alors dans un désert médical pour les pédiatres.

Cette amplification des déserts médicaux est là également la conséquence logique de pratiques massives de dépassements d’honoraires par les pédiatres.

 

 

Gynécologues : des dépassements d’honoraires à foison
En ne considérant que l’aspect géographique de l’accès aux soins, il est inquiétant de constater que 47,2% des femmes de plus de 15 ans du département subissent un désert médical pour l’accès aux gynécologues.

Cette spécialité pratique également très largement des dépassements d’honoraires. En conséquence 84,9% des femmes de l’Eure-et-Loir voulant accéder à un gynécologue ne pratiquant pas de dépassements vivent dans un désert médical !

 

 

 

Une désertification médicale qui frappe de plus en plus les habitants du département
Nous avons comparé les résultats de cette année avec les données collectées en 2021. Au univeau national, entre 2021 et 2023, 44,4 % de la population a vu son accessibilité aux généralistes se dégrader, ce qui représente 29 millions de personnes. De plus, les praticiens sont les plus âgés dans les zones déjà les moins bien dotées, qui prennent donc de plein fouet la vague de départs en retraite des médecins issus de la génération du « Baby Boom ».

Cette comparaison montre qu’en seulement deux ans, depuis 2021, la situation s’est dégradée pour un grand nombre d’habitants de l’Eure-et-Loir:

  • accés à un généraliste: 37,4% des euréliens connaissent une dégradation
  • accés à un ophtalmologue: 23% des euréliens connaissent une dégradation
  • accés à unn pédiatre: 1,3% des euréliens connaissent une dégradation
  • accés à un gynécologue: 70,3% des euréliens connaissent une dégradation

La situation en Eure-et-Loir est donc moins bonne aujourd’hui qu’il y a deux ans. Et de nouveaux médecins pratiquent le dépassement d’honoraires, y compris en médecine générale.

La région Centre Val de Loire dans le palmarès national pour les délais d’obtention d’un rendez-vous chez un spécialiste
Par ailleurs, la région Centre Val de Loire figure en 2e position nationale après les Hauts de France, pour la longueur du délai d’obtention d’un rendez-vous chez un spécialiste: plus d’un patient sur 2 doit « patienter » entre 1 et 3 mois et près d’un patient sur 5 doit « patienter » plus de 3 mois.

Notre enquête montre que pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue, il faut voir loin…
Les bénévoles de l’UFC-Que Choisir ont également contacté des ophtalmologues en tant que « patients mystère » pour savoir s’ils acceptaient de nouveaux patients, et, si oui, quels étaient les délais pour pouvoir effectivement les consulter.

Alors que le taux de refus est de 28 % au niveau national, notre enquête montre que ce taux se porte à 33% au niveau de la région Centre Val de Loire.
Si les patients peuvent se réjouir d’obtenir un rendez-vous, force est de constater qu’ils doivent s’armer de patience avant de se rendre à une consultation.

Au niveau de notre région, dans 56% des cas il faut patienter entre 1 et 3 mois pour voir un spécialiste, et dans 19% des cas, le temps d’attente est supérieur à 3 mois.

Fait peu surprenant mais toutefois inquiétant : à l’échelle du pays, les délais d’attente sont en moyenne supérieurs lorsque les patients s’adressent à un ophtalmologue ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires.

Une enquête de terrain régionale montre la difficulté grandissante à être suivi par un médecin traitant
A l’échelle nationale 51,5% des généralistes enquêtés n’acceptent plus de suivre de nouveaux patients en tant médecin traitant (contre 44% en 2019), à l’échelle de notre région ce taux se monte à également à 51% , mais il évolue défavorablement depuis 2019,  il était en effet à 48% il y a 4 ans.

Face à l’immobilisme des pouvoirs publics, l’ufc-que choisir de l’Eure-et-Loir propose d’agir
Au regard du refus systématique du gouvernement de mettre en place les mesures fortes visant à résorber les inégalités d’accès à la médecine (régulation de l’installation des médecins, interdiction des dépassements d’honoraires incontrôlés), l’association passe aujourd’hui à l’action via la campagne #MaSanteNattendPlus .
3 actions sont proposées.

  1. En invitant tout d’abord, les habitants du département à consulter la carte interactive gratuite sur l’état de l’accès aux soins dans leurs communes.
    Cliquer ICI
    Ces résultats sont accessibles commune par commune.
    Voici les résultats obtenus pour les 4 communes chefs-lieux ‘arrondissement de l’Eure-et-Loir.

 

2. Avec le dépôt d’un recours devant le Conseil d’Etat
En soutenant notre fédération UFC-Que Choisir qui dépose ce jour un recours devant le Conseil d’État pour que la plus haute autorité administrative constate et sanctionne l’inaction du gouvernement, mais également qu’elle l’enjoigne à prendre sans délai les mesures courageuses permettant de résorber la fracture sanitaire.

3. Pour soutenir cette démarche, nous appelons l’ensemble des euréliens à signer et partager massivement la pétition nationale « Accès soins – J’accuse l’État ». la pétition « Accès soins – J’accuse l’État »

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