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Trouver un médecin traitant ? Une véritable épreuve semée d’obstacles !

Trouver un médecin traitant relève plus que jamais de la gageure. En 2019, l’UFC-Que Choisir publiait les résultats d’une enquête inédite permettant d’illustrer l’un des aspects de la fracture sanitaire : la difficulté à trouver un médecin traitant.
Ce travail mettait alors en évidence le fait que 44 % des médecins généralistes enquêtés refusaient des nouveaux patients en tant que médecin traitant.

Dans le contexte d’une dégradation affolante de l’offre de soins que nous avons mise en lumière au mois d’avril et d’une amplification de la fracture sanitaire identifiée ici, l’UFCQueChoisir a souhaité vérifier dans quelle mesure cette situation se traduisait par un accroissement des difficultés à trouver un médecin traitant, indispensable pour intégrer le parcours de soins coordonnés et ainsi bénéficier d’une meilleure prise en charge des frais de consultations médicales par l’Assurance maladie.

2 642 médecins généralistes contactés
Les bénévoles de l’UFC-Que-Choisir ont ainsi contacté 2 642 médecins généralistes, répartis dans 70 départements français (aussi bien en métropole qu’en outre-mer). Le constat est sans appel : trouver un médecin traitant relève plus que jamais de la gageure. En effet, 51,5 % des médecins qui ont pu être interrogés n’acceptent plus de nouveaux patients en tant que médecin traitant. La hausse de ce taux en simplement quatre ans est assez frappante, mais malheureusement pleinement en phase avec les constats dressés par notre association sur la dégradation de l’offre de soins.

Compte tenu de la baisse du nombre de généralistes au cours des dernières années, il n’est pas surprenant de constater que la principale raison du refus évoquée par les médecins (74 % des cas) est le fait qu’ils suivent déjà ans trop de patients. La deuxième raison est en lien avec la démographie des médecins : leur retraite qui approche (12 % des refus).

La moyenne nationale du taux de refus de prise en charge en tant que médecin traitant masque d’importantes disparités.
En analysant les résultats de notre enquête de terrain à l’échelon régional, on constate que parmi douze des régions métropolitaines au sein desquelles des médecins ont été contactés, dans six régions le taux de refus est supérieur à 50 %, le taux le plus élevé étant observé dans les Pays de la Loire (63 %). Depuis notre enquête de 2019, la situation s’est détériorée dans la quasi-totalité des régions, et particulièrement en Bretagne (taux de refus de 45 % en 2023, contre 25 % il y a quatre ans).

Au niveau départemental, dans près de 7 départements sur 10 (67 % des départements enquêtés), le taux de refus est supérieur à 50 %. Parmi les départements où au moins 30  médecins ont pu être interrogés, les taux de refus les plus importants ont été relevés en Loire-Atlantique (67 %), dans le Pas-de-Calais (71 %), en Isère (71 %), dans le Gard (77 %) et dans la Loire (87 %). Les départements où la situation est la moins dégradée sont le Doubs (12 % de refus), la Vienne (14 %) et l’Indre-et-Loire (21 %).

Il est notable que les résultats de notre enquête ne montrent pas qu’il est nécessairement plus difficile de trouver un médecin traitant dans un désert médical qu’ailleurs. La capacité à trouver un médecin est évidemment en lien avec la charge de travail pesant sur les généralistes contactés, mais également avec des approches qui peuvent être différentes selon les médecins. Des médecins exerçant dans un désert médical ne sont pas nécessairement moins disposés à suivre de nouveaux patients, comme l’illustrent de nombreux témoignages recueillis par nos enquêteurs.

Un généraliste indique ainsi : « j’accepte, car je ne peux pas m’accommoder que des patients restent sans médecin », quand un autre souligne : « un médecin qui ne prend pas de nouveaux patients n’est pas un médecin ! ». Évidemment, la contrepartie de ces acceptations est des délais d’attente qui peuvent être longs, résultant d’un principe basique résumé en ces termes par un autre médecin interrogé dans le cadre de notre enquête : «vient qui veut, mais il faut faire la queue».