Teneur en eau trop élevée, déficit en sel, mélanges de beurres… Une enquête de la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence de la Consommation et de la répression des Fraudes) consacrée à la composition et l’étiquetage des beurres révèle des anomalies dans près de 30% des établissements contrôlés.
Une vaste enquête
Cette enquête dont les résultats ont été récemment dévoilés, a concerné 29 départements français, principalement dans les régions d’élevage laitier comme la Bretagne, la Normandie ou les Pays-de-la-Loire, précise la DGCCRF.
129 établissements, représentant l’ensemble de la chaîne ont été contrôlés : fabricants de beurres artisanaux ou industriels, laiteries et élevages de vaches laitières, commerces de détail (fromagers, crémiers etc.) sur des marchés, dans des épiceries ou des magasins de producteurs, mais aussi dans les supermarchés et la grande distribution. Quelques contrôles ont également été réalisés chez des boulangers-pâtissiers qui utilisent du beurre et chez des négociants et importateurs.
Des anomalies à divers niveaux de la chaîne de production
– 89 analyses en laboratoire ont été effectuées dont 16 se sont révélées non-conformes précise la DGCCRF, soit un taux d’anomalie de 18%.
L’enquête a montré au global que 29,5% des établissements contrôlés étaient en anomalie.
Cette enquête a permis aussi de relever que les non-conformités se retrouvent aussi bien chez les producteurs agricoles (méconnaissance de la réglementation et un procédé de fabrication souvent mal maîtrisé) que chez les industriels. Les non-conformités se concentrant principalement sur l’étiquetage et la composition des beurres.
Les principales anomalies relevées par la DGCCRF concernent :
– le processus de fabrication, la composition et l’étiquetage des beurres et matières grasses laitières tels que :
- L’utilisation de matières grasses laitières autres que la crème et non autorisées pour certains types de beurre de qualité ;
- Un déficit en sel pour des beurres salés ou demi-sel ;
- Une teneur en eau trop élevée par rapport aux seuils réglementaires altérant la qualité des produits ;
- L’utilisation de mélanges de beurres ou de beurres recyclés pour des beurres bénéficiant pourtant d’un qualificatif de supériorité …
Anomalies répétées dans la composition et l’étiquetage des beurres
Encore une fois, l’étiquetage défaillant des produits peut « tromper » le consommateur. Beurre fermier, demi-sel, doux,.. il est difficile de s’y retrouver. Et le consommateur peut se retrouver abusé.
Voici les principales conclusions tirées par la DGCCRF:
- Teneur en eau trop élevée : le règlement de l’Union européenne fixe à 16 % maximum la teneur en eau que peut contenir un beurre. Une teneur en eau trop élevée altère la qualité des produits. Cette valeur a été dépassée pour près de 15 % des échantillons prélevés.
- Déficit en sel : la quantité de sel dans les beurres n’est pas réglementée mais les professionnels ont élaboré un code d’usages pour les dénominations « beurre salé » et « beurre demi-sel ». Ce code d’usages fixe des teneurs en sel pour la dénomination « beurre salé » supérieures à 3 g /100 g et pour la dénomination « beurre demi-sel » comprises entre 0,8 et 3 g / 100 g. L’enquête a révélé que 4 échantillons de beurre demi-sel avaient moins de sel que la quantité nécessaire pour prétendre à cette dénomination.
- Vérification des allégations portées sur l’étiquetage des produits, telles que les signes de qualité AOP (appellation d’origine contrôlée) ou la mention « fermier » : certains exploitants ne respectent pas la règlementation. Par exemple, un exploitant agricole revendiquait le caractère fermier de certains de ses beurres alors que seulement 26% de la crème utilisée pour faire le beurre venait de l’exploitation. Le complément était acheté auprès d’un grossiste et d’une coopérative laitière externes. Il a alors été demandé à l’exploitant de retirer la mention « fermier » de ses produits.
- Recyclage de beurres, procédure de retour de rebuts et « remalaxeurs » : les contrôles ont permis de révéler certaines pratiques chez les producteurs industriels. Par exemple, le fait pour une laiterie de réutiliser des beurres mal emballés ou retournés, en les faisant fondre et en les réincorporant dans les fabrications des beurres de qualité supérieure comme des beurres extra-fins pour lesquels le recyclage est interdit.
- Utilisation de la matière grasse issue du lactosérum à la place de la crème : Des anomalies ont été constatées dans plusieurs établissements qui par exemple indiquaient dans la liste d’ingrédient figurant sur l’étiquetage de leurs beurres de la crème alors qu’ils utilisaient de la matière grasse de lactosérum (petit lait) ou un mélange de crème et de matière grasse de lactosérum.
7 injonctions (remise en conformité) ont été notifiées et 1 procès-verbal d’infraction pénale a été rédigé pour destruction de scellé.