En France, la vente de bois de chauffage aux particuliers donne lieu à des fraudes de plus en plus nombreuses et sophistiquées, notamment sur Internet. Sur 185 entreprises contrôlées par la DGCCRF, entre 2023 et 2024, 45 avertissements et 29 injonctions ont été dressés pour pratiques anticoncurrentielles, divers manquements et infractions: mauvaise information sur les prix, non-respect du code de la consommation, fausses allégations de partenariat, …
Depuis 2021, les autorités constatent une recrudescence de fraudes aux annonces de bois de chauffage, via des plateformes comme Le Bon Coin, ainsi que sur de faux sites marchands.
Comme le souligne notre association UFC QUE CHOISIR sur son site national « les escrocs laissent entrevoir des prix très bas pour attirer leurs victimes », le vrai prix avec coupe ou livraison est parfois fort différent (voir lien en bas de cet article), ou bien le paiement est encaissé, mais la livraison n’a jamais lieu ».
Des fraudes en augmentation
Ainsi que le précise la DGCCRF, cette tendance aux pratiques frauduleuses a été amplifiée par la crise énergétique de 2022 avec l’augmentation des coûts de l’énergie et la forte demande des consommateurs pour une énergie bois-bûches ou pellets jugée moins chère.
Des fraudes à tous les stades de la vente des produits
Les services de la DGCCRF ont relevé les fraudes et infractions suivantes : « défauts d’affichage du prix du bois et/ou des frais de livraison, des pratiques commerciales déloyales (tromperies sur la longueur des bûches, sur le taux d’humidité ou sur les essences des bois par exemple) »…
Cette enquête a permis en effet de détecter un large panel de fraudes fréquemment rencontrées dans la relation entre le professionnel et le consommateur rappelées par la DGCCRF.
– 53% des entreprises visitées ne respectaient pas les dispositions du code de la consommation et du commerce, notamment le droit à se rétracter dans le cadre d’un contrat de vente.
– plus de 37% des entreprises contrôlées ne respectaient pas l’affichage et l’information sur le prix. L’information délivrée sur le prix se faisait généralement uniquement à l’oral, par téléphone, mais n’était pas délivrée systématiquement de manière complète et ne permettait pas au consommateur d’être parfaitement informé, par exemple sur les méthodes d’affichage des prix des pellets.
– plus de 53% des entreprises contrôlées n’avaient pas inscrit dans leurs conditions générales de vente (CGV) ou sur leur site internet, la possibilité des clients de s’inscrire sur une liste d’opposition au démarchage téléphonique (BLOCTEL).
– une entreprise faisait mention de fausses allégations de partenariat avec EDF qui étaient de nature à induire en erreur le consommateur sur les qualités réelles de cette entreprise.
– du côté des CGV, 62% des entreprises contrôlées ne respectaient pas cette obligation. 10 entreprises ont reçu une injonction.
– 29 avertissements ont donc été prononcés par les agents pour des manquements constatés sur des défauts d’affichage des frais de livraison, des modalités de résiliation et traitement des litiges, la mise à disposition du formulaire de rétractation ou encore des défauts d’étiquetage énergétique.
De plus, 23 injonctions ont été adressées pour non-respect de la réglementation sur la vente à distance, concernant notamment le défaut d’étiquetage énergétique, l’absence de mise à disposition de fiches d’information relatives aux dispositifs de chauffages décentralisés, mais aussi concernant l’absence de délivrance de confirmation du contrat conclu à distance (L. 221-13 du Code de la consommation).
70% des entreprises en anomalie
Sur les clauses contractuelles inscrites dans le contrat entre le consommateur et le professionnel : 70% des entreprises contrôlées étaient en anomalie. Un nombre conséquent de clauses abusives et illicites ont été relevées, comme la réduction du droit à réparation en cas de préjudice subi par le consommateur, un délai de remboursement non-conforme ou encore l’absence de remboursement des frais de livraison en cas de rétractation.
Une explosion des fraudes en ligne
Des annonces frauduleuses sur certains sites de petites annonces (par exemple sur le Bon Coin ou la Market Place de Facebook) ou sur des applications proposant des groupes ou communautés (WhatsApp, Telegram). Il s’agissait le plus souvent d’annonces proposant du bois de chauffage à des tarifs particulièrement attractifs. Les enquêteurs ont également mis fin aux pratiques de faux sites sur lesquels le fraudeur utilise la notoriété d’une entreprise connue et bénéficie indument du gage de sérieux de cette entreprise.
Un mode opératoire bien rôdé
Les escrocs ont recours à des pratiques bien rôdées
- Usurpation d’identité : certains sites empruntent l’identité de sociétés existantes ou renommées, pour paraître professionnels .
- Devis frauduleux : après contact, le faux vendeur envoie un devis soigné, demande un acompte ou le paiement intégral (souvent par virement), puis disparaît.
Cas concrets et condamnations
Une escroquerie internationale a été démantelée fin 2023 : le site energiebois‑france.com a arnaqué plusieurs milliers de particuliers pour plus de 100 000 €, dont 30 000 € facturés en France sur un seul site, via des comptes rebonds pour blanchiment. Les auteurs ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 30 mois de prison et interdictions de gestion ou de séjour en France.
Comment se prémunir ? Quels sont les signes d’alerte à repérer
- Prix bien inférieurs à ceux du marché.
- Promesses de livraison “en 24 ou 48 h”, souvent irréalistes.
- Paiement exigé par virement bancaire ou en espèces, sans alternatives.
- Absence de mentions légales explicites (adresse, SIRET, contact vérifiable).
- Un vendeur difficilement joignable ou répond uniquement via plateformes de messagerie.
- Avis clients absents ou uniquement auto-pourvoyés sur le site, sans contrôle externe.
Le marché du bois de chauffage privé est fertile en escroqueries en ligne, via fausses annonces ou usurpation d’identité.
La DGCCRF et l’UFC QUE CHOISIR recommandent de :
- vérifier les informations légales et juridiques du vendeur (SIRET, adresse, téléphone valide).
- privilégier les paiements sécurisés (carte bancaire via prestataire reconnu) plutôt que les virements directs.
- lire les avis sur des plateformes indépendantes comme Trustpilot, Google Avis, ou SignalConso.
- ne jamais payer la totalité d’une commande à l’avance : en cas de litige, ouvrez une réclamation, puis si non résolu après deux mois, contactez le médiateur national de l’énergie.
- rester vigilant, surtout aux signes décrits ci-dessus, et préférer des fournisseurs reconnus, paiements sécurisés, et avis externes.Les fraudeurs attirent les consommateurs avec des prix bas et une livraison rapide prometteuse, puis disparaissent sans honorer la commande. Des enquêtes et condamnations récentes montrent l’ampleur du phénomène (30 000 € escroqués sur un seul site, condamnations pénales incluses).
Si vous êtes victime ou témoin :
- Déposez rapidement une plainte auprès d’un commissariat (avec documents, capture d’écran, factures, devis).
- Signalez la fraude via SignalConso.
- Envisagez la médiation de l’énergie si un fournisseur tardait à répondre.
- Prenez contact avec association locale UFC QUE CHOISIR.
EXEMPLE EN EURE-ET-LOIR : UN PRIX AFFICHE BIEN ELOIGNE DU VRAI PRIX (Voir article ICI)