Selon que les prix sont comparés à ceux du mois précédent, de l’année précédente ou d’avant la guerre en Ukraine, l’inflation est nulle, forte ou très importante. Pour l’alimentation par exemple, elle est nulle, de 10 % ou de 25 % en novembre, selon la période de référence choisie. Décryptage.
Les prix alimentaires se sont stabilisés, certes. Le gouvernement – qui met en avant son volontarisme dans la lutte contre la vie chère – et les distributeurs – qui redoutent que leurs clients « déconsomment », c’est-à-dire achètent moins en volume (lire l’encadré) – ont trouvé la parade pour tenir un discours positif malgré l’inflation persistante : changer de référentiel, et surveiller l’évolution des tarifs d’un mois sur l’autre. Car tout dépend de la période à laquelle on les compare : mensuelle, annuelle, voire bisannuelle. Ainsi, depuis mai dernier, l’inflation mensuelle des produits alimentaires en grande surface tourne autour de zéro, ce qui signifie que les prix se sont stabilisés. De là à dire qu’ils reculent, il y a un pas que les enseignes n’hésitent pas à franchir, en mettant en exergue les quelques références en baisse pour édulcorer la réalité.
Autre pirouette, commenter les évolutions sur une période de quelques semaines, et n’évoquer que les baisses, même infimes ou partielles. Ainsi, le panéliste NielsenIQ s’est focalisé sur les marques nationales, dont « la moitié des produits les plus vendus ont vu leur prix baisser cet été » dans les grandes surfaces. Que cette évolution soit « relativement faible (entre – 0,2 % et – 0,8 % » ne l’empêche pas de conclure que « les promesses sur des baisses de prix semblent avoir été tenues ». Mais quid pour l’autre moitié des produits, et de ceux sous marques de distributeur (30 à 40 % des volumes) ?
+ 25 % en 2 ans…
Ces discours entrent en dissonance avec le constat que font les consommateurs jour après jour : ils paient leurs produits en grande surface beaucoup plus cher qu’avant. Quel est cet « avant » ? Changeons de nouveau de référentiel, et comparons maintenant aux tarifs d’il y a 2 ans, avant la forte poussée inflationniste due à la guerre en Ukraine : les prix ont progressé de 25 % entre novembre 2021 et novembre 2023 !
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