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La vulnérabilité des écoles face à la canicule : il est urgent d’agir !

Le 1er juillet 2025, en raison d’un pic de chaleur exceptionnel, 2213 établissements scolaires ont été fermés selon le ministère de l’Éducation nationale, dont 2200 écoles, 12 collèges et 1 lycée à travers la France. Ces mesures exceptionnelles montrent à quel point le système scolaire français reste vulnérable face aux épisodes de chaleur extrême, tout en soulignant l’importance des plans de rénovation énergétique pour les années à venir.

Des fermetures d’écoles qui posent problème
Des milliers d’établissements ont été fermés au niveau national en réponse à la canicule du 1er juillet 2025, avec quelques fermetures ciblées dans des communes.
Syndicats d’enseignants, élus locaux, associations de parents d’élèves,…  en juillet dernier, les réactions face aux fermetures des établissements en lien avec les fortes chaleurs ont démontré l’acuité du problème lié au réchauffement climatique pour le milieu scolaire, majoritairement peu préparé à ce type de situation.

En cas de décision de fermeture de l’école, comment concilier la responsabilité professionnelle des enseignants qui accueillent les élèves avec parfois près de 40° dans les classes, avec les contraintes de travail et de déplacement des parents appelés à trouver en urgence des solutions de garde pour leur enfant ?

Des élus ayant pris des décisions hâtives de fermeture d’école ont dû faire machine arrière face aux réactions des parents dépourvus de solution de garde des enfants.
Le Ministère de l’Education Nationale a dû rappeler aux différents acteurs qu’en cas de fermeture de l’école, une solution de garde de type « service minimal d’ accueil », devait être proposé aux familles. Encore fallait-il pouvoir trouver des locaux permettant cet accueil dans de bonnes conditions : chaleur, sécurité, …

Du côté des maires, nombre d’entre eux se sont interrogés quant à la responsabilité de leur collectivité en cas de problème lié à la chaleur, tant au niveau des élèves que des personnels enseignants, ou de service.

Un nouveau décret pour protéger les travailleurs des effets de la chaleur
L’UNSA Education Centre Val de Loire a de son côté écrit le 1er juillet dernier,  au recteur de l’académie Orléans-Tours pour lui demander que « soit établie sans délai une échelle académique de vigilance climatique, articulée à celle de Météo-France, afin de déclencher des mesures de protection dès les premières alertes. »
Ce syndicat enseignant interrogeait aussi les services de l’Education Nationale sur la mise en œuvre du tout récent décret  décret n° 2025-482 du 27 mai 2025, comportant  des mesures ayant pour but de mieux protéger les agents en cas d’épisode de chaleur intense.

Des élus condamnés à la débrouille et à une réduction des moyens d’action
L’Association des Petites Villes de France a pointé lors de cette canicule « le manque de cadre d’action clair ou de soutien structuré de l’État » considérant que les maires devaient prendre des décisions en « l’absence de directives précises ou de coordination assumée par l’État ».

L’association a également appelé l’État à élaborer « une politique d’adaptation ambitieuse en collaboration avec les territoires plutôt qu’ à procéder à une baisse des programmes d’aide aux investissements » rappelant que « la baisse du Fonds vert décidée par le gouvernement compromet gravement les efforts engagés par les communes pour adapter leurs infrastructures. Ce signal est non seulement incompréhensible, mais contre-productif ».

Des questions au Gouvernement au niveau du Sénat
La sénatrice Evelyne CORBIERE NAMINZO, le 3 juillet dernier, a interpellé de son côté, la ministre de l’Education nationale sur le fait que le Gouvernement « a réduit de moitié le budget du fonds vert, qui est passé de 2,5 milliards d’euros à 1,15 milliard d’euros ». Cette baisse « irresponsable « du point de vue de la sénatrice porte, selon elle,  « un coup fatal à la rénovation des écoles. Entre 2023 et 2024, ce fonds avait financé la rénovation de plus de 2 000 établissements, contre seulement 65 en 2025 ».

La Ministre de l’Education Nationale Elisabeth BORNE, lui a précisé en réponse que, « en complément des crédits déjà engagés », « la Banque des territoires avait affecté 2 milliards d’euros au financement des contrats de performance énergétique des collectivités ».

Un plan national de rénovation énergétique des écoles
En effet, le gouvernement avait déjà annoncé vouloir favoriser la rénovation de 40 000 écoles d’ici à 2034, soit près de 90 % du parc public scolaire, grâce à un vaste plan financé à partir du Fonds vert (2 Md € initial + 500 M €/an dès 2024) et le programme Edu Rénov de la Banque des Territoires.
Les collectivités locales (communes, départements, régions) sont chargées des travaux, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale, avec un accompagnement renforcé via des guides, de l’ingénierie et des aides publiques.
Différents domaines d’intervention sont identifiés :

    • Isolation thermique (externe ou interne) ;
    • Traitement réfléchissant des parois et toitures ;
    • Ventilation active et passive (free cooling, ventilation nocturne) ;
    • Végétalisation des cours et création d’îlots de fraicheur.

Le guide du Ministère et bonnes pratiques opérationnelles
Le ministère de l’Éducation a également publié un guide pratique pour aider à améliorer le confort thermique :

  • Avant la vague de chaleur : maintenance, protections solaires (stores, volets, films), isolation, rafraîchissement actif, ventilation optimisée
  • Pendant la vague de chaleur : réorganisation des salles (cours en pièces moins exposées), ouverture des fenêtres la nuit, ouverture brève en journée, utilisation de ventilateurs ou de pièces climatisées comme refuges
  • Rappel de consignes : limiter les activités physiques aux heures fraîches, fournir eau, stores, casquettes, etc.

La mise en place de « pièces rafraîchies » et diagnostics annuels

  • Il a été également annoncé la création d’espaces rafraîchis dans les écoles et collèges (salles ombragées, durabilité, stores efficaces), avec un contrôle annuel à réaliser dans chaque académie pour limiter la gêne thermique pendant les périodes chaudes.

Des programmes innovants de végétalisation et transformation des cours

  • Des initiatives locales comme le projet “cour nature” à Couffé (Loire‑Atlantique) portent sur la reconfiguration des espaces extérieurs : pergolas, zones végétalisées, mini forêt, coins ombragés – réalisés en collaboration entre parents, mairie et enseignants.
  • À Paris, le projet OASIS cible la transformation de cours d’école en îlots de fraîcheur, identifiant les cours sanitaires prioritaires, en testant des matériaux réfléchissants, perméables ou biosourcés et en mesurant leur impact microclimatique.

L’opération « RACINE »
(Recherche sur l’Adaptation aux Canicules à l’Intérieur de Nos Écoles) C’est un programme de recherche-action lancé en mars 2025 par le réseau ACTEE (Action des Collectivités Territoriales pour l’Efficacité Energétique initiative portée par la FNCCR) pour répondre à l’extrême vulnérabilité des établissements scolaires face aux vagues de chaleur.  (Voir site ACTEE ICI)
Ses objectifs principaux sont les suivants :

  1. Identifier et expérimenter des solutions « low-tech » simples, durables et peu énergivores pour limiter la surchauffe estivale dans les écoles.
  2. Mieux comprendre les dynamiques thermiques réelles dans les classes grâce à un suivi en temps réel des conditions (température, humidité, CO₂) via des capteurs dans des établissements pilotes.
  3. Favoriser le partage de retours d’expérience entre écoles, collectivités et référents techniques, pour diffuser les bonnes pratiques.

Différentes mesures ont été testées dans les écoles pilotes :

  • Installation de capteurs pour suivre en continu la température, l’humidité et le CO₂ afin d’analyser le confort thermique interne.
  • Mise en œuvre de solutions low-tech : protections solaires passives (stores, ombrage, végétalisation), ventilation naturelle (nocturne et diurne), gestion adaptative des ouvrants, matériaux biosourcés et isolation thermique réfléchissante.
  • Sensibilisation des utilisateurs (personnels, élèves, collectivités) via des formations et la présence de référents sur chaque site.

Les premiers résultats de cette opération démontrent qu’aucune des écoles instrumentées n’est adaptée aux canicules actuelles : la température dépasse régulièrement les 30 °C, avec un pic à 37 °C en classe.

Par ailleurs, certaines écoles construites très récemment (après 2019) souffrent de surchauffe accrue, en raison d’une isolation excessive couplée à un manque de protections solaires.

Les constats et solutions doivent être partagées auprès du plus grand nombre d’acteurs au cours de l’année 2026.

Exemple de réalisation : la cour oasis de Trappes

Cour novatrice, conçue de manière collaborative par des enseignants, des parents d’élèves, des élèves et des agents municipaux.
Investissement de 600 000 euros pour les travaux, avec une réduction de plus de 90% de la surface bitumée, remplacée par de la pelouse, des copeaux de bois naturels et des carrés potagers. (source site www.trappes.fr)

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