Publication des indices de Position Sociale des établissements scolaires suite à une décision de justice
Condamné pendant l’été 2022 par le tribunal administratif de Paris, le Ministère de l’Education Nationale a publié début octobre 2022, les données relatives à l’indice de position sociale (IPS) des collèges et des écoles publics et privés.
Le refus du ministère de publier ces données était justifié selon lui par la volonté de ne pas augmenter les phénomènes d’évitement de certains établissements scolaires présentant des indices de position sociale moins favorables que d’autres.
Qu’est-ce que l’IPS, Indice de Position Sociale ?
L’IPS est un indice construit à partir des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) des représentants légaux des élèves.
Il permet de préciser les inégalités sociales à l’école ou au collège et de savoir si les élèves sont en moyenne issus d’un milieu social « favorable à la réussite scolaire ». Mais cet indice à lui seul ne suffit pas à identifier les caractéristiques sociales des établissements.
Des constats à mettre en relation avec d’autres données
Evidemment, les constats issus de cet indice sont corrélés aux différentes catégories sociales des populations présentes sur les territoires.
Les communes bourgs-centres avec une offre de logements locatifs sociaux répondant à des plafonds de ressources, constatent selon les quartiers, des IPS plus faibles que les communes où l’habitat à caractère individuel, en accession à la propriété, entraîne la seule présence de catégories socioprofessionnelles plus aisées. Avec un pouvoir d’achat plus important.
Les « variables familiales » de l’IPS
Pour déterminer cet IPS le ministère de l’Education Nationale a identifié les « variables familiales » ayant un effet sur la réussite scolaire des élèves et, notamment:
– le diplôme des parents (mère et père),
– les conditions matérielles (revenus, nombre de pièces du logement, partage de chambre, ordinateur au domicile, accès à Internet),
– le capital culturel (nombre de livres à la maison, présence d’une télévision dans la chambre, le temps passé devant la télévision),
– l’ambition et l’implication des parents (aspirations, conversations sur la scolarité, l’avenir scolaire),
– les pratiques culturelles (sport, concert, théâtre, cinéma, musée, activités extra-scolaires).
Si les PCS de l’élève se révèlent favorables à la réussite scolaire, alors la valeur de l’IPS de l’élève est élevée, et inversement.
Toutefois, ces données ne permettent pas de mesurer réellement le degré de mixité sociale des établissements proches de la moyenne. Elles permettent de situer les établissements situés dans les extrêmes (IPS élevés ou faibles).
Les indices moyens en France public et privé confondus
L’indice moyen pour les écoles élémentaires (public et privé confondus) et donc hors écoles maternelles, en 2021-2022 est de 102,77.
Il varie de un à trois, indiquant par-là les fortes différences entre établissements constatées en France.
Près de 20% des écoles françaises ont un IPS inférieur à 90, mais certaines zones présentent des inégalités beaucoup plus marquées : Seine-Saint-Denis 61% des écoles élémentaires en-deçà d’un IPS de 90, mais aussi Somme, Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Ardennes, avec près de 40% des écoles dans ce cas.
Côté IPS favorables, 1,2% des écoles en France présentent un IPS supérieur à 140 : particulièrement Paris avec 15,5% des écoles, et l’Ouest parisien (Yvelines, 14,4%, Hauts-de-Seine 14,1%).
Académie d’orléans-Tours: voir carto ci-dessous et lien ICI
Source Alexis Bernard Senior Business Analyst | Paris, France
Pour l’Eure-et-Loir, côté écoles
35 écoles ont un IPS inférieur à 90, soit 14.96 % des établissements du département.
48 écoles ont un IPS compris entre 90 et 100, soit 20.51 % des établissements du département.
63 écoles ont un IPS compris entre 100 et 110, soit 26.92% des établissements du département.
59 écoles ont un IPS compris entre 110 et 120, soit 25.21% des établissements du département.
23 écoles ont un IPS compris entre 120 et 130, soit 9.83% des établissements du département.
6 écoles ont un IPS compris entre 130 et 140, soit 2.56% des établissements du département.
0 école ont un IPS supérieur à 140, soit 0% des établissements du département.
Pour l’Eure-et-Loir, côté collèges
8 collèges ont un IPS inférieur à 90, soit 16.3 % des établissements du département.
15 collèges ont un IPS compris entre 90 et 100, soit 30.6 % des établissements du département.
10 collèges ont un IPS compris entre 100 et 110, soit 20.4% des établissements du département.
11 collèges ont un IPS compris entre 110 et 120, soit 22.4% des établissements du département.
4 collèges ont un IPS compris entre 120 et 130, soit 8.2% des établissements du département.
1 collège a un IPS compris entre 130 et 140, soit 2% des établissements du département.
0 collège ont un IPS supérieur à 140, soit 0% des établissements du département.
Une différence marquée entre établissements privés et publics
L’analyse de ces données montre également que les écoles et collèges privés sous contrat concentrent les familles les plus aisées, et ne favorisent pas la mixité scolaire.
Seules 3,2% des écoles privées ont un IPS inférieur à 90, tandis que 60,3% d’entre elles ont un IPS supérieur à 140.
A Paris, 78% des écoles privées sous contrat ont un IPS supérieur à 130, alors que seules 40% des écoles publiques atteignent cet IPS.
De la même manière, seuls 5,7% des collèges ont un IPS inférieur à 90, contre 77,9% de collèges très favorisés, avec un IPS supérieur à 140.
De la carte scolaire des collèges à la création du lycée de Hanches
Ces données sont particulièrement sensibles lors de la création d’un nouvel établissement, ou la réforme des secteurs scolaires des collèges. Ces opérations amènent les décideurs (Education Nationale, Département et Région) à dessiner la carte d’affectation des élèves dans tel ou tel établissement, en fonction des objectifs de mixité sociale fixés par la loi et d’équilibre de l’offre de formation sur les différentes zones euréliennes.
Accéder aux données et à une carte interactive ICI