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7/7 Accueil du jeune enfant (0-3 ans) : l’accueil par les assistantes maternelles, grand oublié des politiques publiques

Indépendamment des aspects financiers, le fait que le département de l’Eure-et-Loir se repose majoritairement sur les assistantes maternelles pour l’accueil formel des jeunes enfants pose un réel problème.

Dans ce contexte, l’absence d’annonces concrètes concernant les assistantes maternelles est particulièrement alarmante pour l’Eure-et-Loir en termes de perspectives pour les années à venir. Ainsi, pour éviter un effondrement du taux de couverture, il faudra soit attirer suffisamment d’assistantes maternelles, soit ouvrir des crèches en nombre suffisant, pour compenser l’érosion démographique de la profession[1]. Mais là aussi, les recrutements sont à la peine.

Des discours non suivis d’effets
Depuis 2007, la création d’un droit opposable à un mode de garde pour les jeunes enfants et d’un service public de la petite enfance ont continûment été promis par les présidents de la République successifs.

Pourtant, depuis quinze ans, aucune réforme d’ampleur n’a été entreprise quant à la qualité de l’accueil. Ainsi, en avril 2022, faute d’attractivité des métiers de la petite enfance, 27 postes en crèche dans le département de l’Eure-et-Loir étaient vacants depuis plus de trois mois et plus de 8 600 à l’échelle nationale.

Le 5 septembre dernier, la présidente nationale de l’UNAF rappelait que « seule la moitié de l’objectif en matière de création de places en crèche est atteinte sur la convention 2018-2022, 15 000 places pour un objectif de 30 000 places » !

La ministre reçoit les représentants de la profession le 20 octobre
Aurore Bergé, la ministre des Solidarités et des Familles  recevra les représentants des professionnels de l’accueil individuel le 20 octobre prochain, pour leur présenter des mesures pour la profession: statut des assistantes maternelles, revalorisation, qualité de l’accueil, formation, … seront notamment au menu de ces discussions à venir, en lien avec la mise en place du « service public de la petite enfance ».

Un projet de loi sur le « service public de la petite enfance »
Dans le cadre du projet de loi « Plein Emploi » le Parlement débat actuellement de la création du futur « service public de la petite enfance ».
Ce projet doit désigner à quel niveau doivent s’organiser et se prévoir demain les services petite enfance destinées aux familles : communes, intercommunalité, ..? Et dans quelle cohérence territoriale?
Concernant les crèches, ce texte devrait également comporter un certain nombres de mesures visant à renforcer les « procédures d’organisation, d’évaluation et de contrôle des établissements, et le rôle des CAF… », à la suite de la publication du rapport de l’IGAS et des deux livres chocs consacrés au secteur de la petite enfance (voir plus bas).

Des enjeux vitaux en termes de qualité de l’accueil et de représentation des parents
Le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) publié en mars 2023 souligne le fait que les maltraitances individuelles (négligences graves) « prennent en grande partie leur source dans des éléments de maltraitance institutionnelle ».
À ce titre, l’IGAS préconise d’améliorer le taux d’encadrement comme la formation des professionnels de la petite enfance.

Mais un véritable dilemme entre l’ouvertures de places et l’amélioration du taux d’encadrement est déjà posé qui nécessitera des arbitrages complexes : créer de nouvelles places d’accueil ou améliorer le taux d’encadrement existant… et dans un cadre financier supportable et durable.

Contrairement à l’école, où les parents d’élèves sont présents dans les « conseils d’école » et peuvent faire entendre leur voix, aucune représentation formelle n’est en place dans les structures d’accueil du jeune enfant. Les révélations du rapport de l’IGAS et les deux ouvrages documentant les pratiques des crèches privées démontrent la nécessité d’associer les familles au bon fonctionnement des structures.
(« Babyzness » de Bérangère Lepetit et Elsa Marnette, et « Le prix du berceau », ce que la privatisation des crèches fait aux enfants, de Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse)

[1] Au niveau national, environ 120 000 partiraient à la retraite à horizon 2030, soit 44 % des effectifs.